EX-PRISON SAINT-MICHEL
CHRONOLOGIE
CHRONOLOGIE
1791
Le Code pénal de 1791 institue la prison comme lieu d’accomplissement des peines. La peine de mort et les travaux forcés ou les galères restent au sommet de l’échelle des peines, mais l’enfermement fonde désormais la répression des crimes et des délits.
1810
L’Empire organise une carte pénitentiaire visant à créer une maison d’arrêt pour les prévenus par arrondissement auprès de chaque tribunal, ainsi que dans chaque département, une maison centrale pour les condamnés et une maison de correction pour l’exécution des peines de moins d’un an d’emprisonnement.
1811
Le tribunal d’appel de Toulouse est installé dans les locaux de l’ancien Parlement, qui sont réaménagés. Un décret impérial donne la propriété des maisons d’arrêt aux départements qui sont désormais chargés de leur entretien, des réparations et de leur reconstruction. À Toulouse, la maison d’arrêt est établie dans l’ancienne Sénéchaussée, rue Mirabel (actuelle rue de Rémusat). À l’installation de la Faculté des lettres, la maison d’arrêt déménagera presque en face dans l’ancien couvent des Dames de Saint-Sernin.
1822-1850
De nouveaux bâtiments de style néoclassique sont construits sur les plans de l’architecte départemental Jean-Pierre Laffon sur le site du Parlement pour accueillir la cour d’assises, la cour d’appel, la maison de justice puis le tribunal de première instance.
1835-1837
Le préfet veut établir des quartiers distincts dans la maison d’arrêt de Toulouse, avec un pénitencier pour les enfants condamnés de plusieurs départements. Finalement, les jeunes garçons condamnés sont établis dans la maison de justice, dans un quartier initialement destiné aux femmes qui restent donc à la maison d’arrêt.
1840
Les brigades de gendarmerie de Toulouse déménagent dans un immeuble construit à l’angle de la place extérieure Saint-Michel (actuelle place Lafourcade) et de l’allée Saint-Michel (actuelle allée Jules-Guesde), qui est loué par le département.
1841
Une circulaire du ministre de l’Intérieur définit précisément le modèle pour la construction des nouvelles prisons départementales suivant le régime de l’emprisonnement individuel : cellules d’au moins 9 mètres carrés permettant le travail, promenoirs individuels, parloirs cellulaires. Des plans types sont joints à la circulaire pour promouvoir le plan radial de la prison de Philadelphie en Pennsylvanie (États-Unis) qui permet une surveillance centrale et continue de l’ensemble de la détention. Différents projets seront élaborés pour créer une maison d’arrêt départementale suivant l’emprisonnement individuel, sans aboutir.
1847
Le ministre de l’Intérieur approuve le transfert du pénitencier des jeunes détenus dans l’établissement de l’abbé Barthier, rue des Trente-Six-Ponts, ce qui permet de transférer les détenus pour dettes de la maison d’arrêt dans la maison de justice.
1851
Le tribunal de première instance, à l’étroit dans l’ancien palais du Sénéchal, déménage dans de nouveaux locaux construits contre la cour d’appel, selon les plans de l’architecte départemental Jean-Pierre Laffon.
1853
Le ministre de l’Intérieur autorise les départements à améliorer leurs prisons en dehors du régime cellulaire si les différentes catégories de détenus sont séparées. Un quartier spécial pour les jeunes filles détenues à la maison d’arrêt est établi dans l’établissement de l’abbé Barthier. Quant aux femmes accusées de crimes, elles sont alors détenues à la maison d’arrêt, la maison de justice n’ayant pas de quartier pour les femmes. Et les hommes prévenus de délits sont détenus
à la maison de justice pour faciliter l’instruction.
1854
Le Conseil général adopte le principe de l’avant-projet de l’architecte départemental Jacques-Jean Esquié : la maison d’arrêt dite « du Sénéchal », difficilement appropriable et éloignée du tribunal, serait vendue par le département qui établirait deux nouvelles maisons d’arrêt (prévenus), de justice (accusés) et de correction (condamnés), l’une pour les femmes et l’autre pour les hommes ; celle pour les femmes serait établie en agrandissant la maison de justice de la place Saint-Michel, et celle pour les hommes serait construite sur un terrain à acquérir à proximité du palais de justice.
1856
Le ministre de l’Intérieur approuve les plans de l’architecte départemental Jacques-Jean Esquié pour la construction d’une maison d’arrêt, de justice et de correction pour 400 hommes, de forme radiale, avec cinq bâtiments de détention rayonnant autour d’une rotonde centrale, à proximité de la cour d’appel et du tribunal de première instance.
1858
Pour l’établissement de la prison pour hommes, le préfet acquiert, au nom du département, l’enclos dit de Dezégaux appartenant à l’ancien notaire Courrech, situé à l’angle de la grande rue Saint-Michel et de la rue du Gorp où les pères capucins projetaient d’établir leur monastère. Et il acquiert aussi la maison située allée Saint-Michel, n° 15, pour agrandir la maison de justice.
1862
L’entreprise de Joseph Barrié débute les travaux de la prison départementale pour hommes dans le faubourg Saint-Michel, qui avaient été ajournés pour des raisons budgétaires – essentiellement pour financer l’achèvement de l’asile départemental d’aliénés de Braqueville (actuel centre hospitalier Gérard Marchant) – sur les plans de l’architecte départemental Jacques-Jean Esquié.
1869
Le préfet fait examiner par le nouvel architecte départemental Edmond Chambert la possibilité d’affecter un des quartiers de la nouvelle prison du faubourg Saint-Michel aux femmes détenues. Cette modification est approuvée par le Conseil général qui peut abandonner le projet d’appropriation de la maison de justice en prison pour femmes. Les nouveaux plans arrivent tardivement et les travaux de la prison Saint-Michel s’en trouvent retardés de près de 18 mois, ce qui cause un litige avec l’entrepreneur.
1870-1871, guerre franco-prussienne
En septembre 1870, des reclus de la maison de Saint-Denis, dans le département de la Seine (actuelle Seine-Saint-Denis), arrivent à Toulouse où ils sont installés dans la future prison Saint-Michel dont les travaux sont presque achevés, et au dépôt de mendicité de la rue des Récollets (actuelle rue Achille-Viadieu). De janvier à décembre 1871, l’ensemble de la prison Saint-Michel est réquisitionné par les militaires pour les besoins du service hospitalier. Puis, le sieur Barrié refusant de reprendre les travaux sans un supplément, son entreprise est mise en régie publique par le préfet pour l’achèvement des prisons Saint-Michel.
Mars 1872
Les détenus de la maison d’arrêt dite « du Sénéchal » sont transférés dans la nouvelle prison Saint-Michel, suivis peu après par les détenus de la maison de justice, qui peut alors être restructurée pour améliorer la caserne de la gendarmerie à pied. Déjà, l’architecte départemental Auguste Delort signale des travaux nécessaires à la prison Saint-Michel, tels qu’un logement pour le greffier à l’emplacement des écuries qui seraient déplacées.
1873
L’entreprise Barrié est soldée et l’architecte départemental Delort établit le décompte général des travaux de la nouvelle prison, qui s’élève à 687 225 francs. Le Conseil général vote un crédit annuel d’entretien pour la prison départementale de Toulouse de 2 500 francs, un montant qui sera maintenu pendant de nombreuses années. Ce montant doit servir cette année aux réparations suivantes : enduit au ciment sur les soubassements des murs exposés aux intempéries, puisards et rigoles pour l’écoulement des eaux pluviales dans les préaux, exhaussement du mur d’enceinte, guérite de chaque côté du mur…
23-24 juin 1875
L’inondation causée par la crue de la Garonne touche le dépôt de mendicité à Saint-Cyprien, dont les reclus sont alors installés à l’hospice de la Grave, ainsi qu’à la prison Saint-Michel où ils restent jusqu’au 5 octobre 1876, le temps de la réparation des dégâts au dépôt de mendicité.
1876-1883
Durant cette période, la moyenne annuelle du nombre de détenus à la prison Saint-Michel varie de 145 à 196 hommes et de 24 à 42 femmes.
1878-1883
L’architecte départemental établit un projet d’aqueduc de ceinture pour l’assainissement de la prison qui serait branché sur l’égout de la ville. Mais il a oublié que l’égout s’arrête rue Borgne (actuelle rue Beethoven), à 400 mètres de la prison, et la Ville ne projette pas de le prolonger. Les fosses fixes sont remplacées par des tinettes mobiles et une fosse générale est creusée dans le chemin de ronde. Le Conseil général fait finalement réaliser une douzaine de puits dans les chemins de ronde pour évacuer l’eau qui envahit les préaux. Ces puits sont creusés jusqu’à la nappe phréatique, à 4 mètres de profondeur.
1883-1885
Une pétition d’habitants des rues avoisinant le chemin de ronde de la prison se plaint de projections, notamment de jets de pierres qui touchent les habitations, depuis les préaux, en particulier depuis le préau du quartier des condamnés. Le Conseil général finit par décider l’exhaussement de 5 mètres du mur d’enceinte au niveau du préau des condamnés et la couverture de ce dernier par un treillage métallique.
1885-1886
Une pétition d’habitants des rues autour de la prison demande la viabilisation de ces trois rues, l’une partant de la rue du Gorp et l’autre de la grande rue Saint-Michel (rue Saint-Denis) pour aboutir au chemin du Busca prolongé (actuelle rue Robespierre), la troisième rue en question. Cette dernière est classée et appartient à la Ville, qui doit donc prendre à sa charge les travaux de viabilité. Quant aux deux premières rues, elles ont été réalisées sur le terrain acheté par le département et elles ne sont pas classées. La charge de leur viabilité revient donc à leurs riverains. Les pétitionnaires abandonnent alors leur demande de pavage qu’ils devraient payer pour moitié. Le Conseil général réalise à ses frais uniquement des gondoles et revers le long des murs d’enceinte. Peu après, en 1888, la supérieure du couvent Saint-Joseph-du-Bon-Secours, à l’angle de la rue Saint-Denis et de la grande rue Saint-Michel, a proposé de contribuer au pavage de la rue Saint-Denis pour le quart de la dépense. Le Conseil général approuve les travaux en prenant à sa charge les trois quarts restants.
1904
Pour dissuader la mendicité à Toulouse, le département doit créer un dépôt de mendicité. Comme il y a de la place à la prison Saint-Michel, l’architecte départemental Joseph Trillet dresse un projet pour approprier le quartier n° 4 en dépôt de mendicité (25 hommes et 15 femmes), entièrement isolé de la prison avec son entrée rue du Gorp. Mais l’État ferait alors appliquer la loi de 1875 qui impose le régime cellulaire pour les condamnés à de courtes peines dans les cas d’appropriation ou de reconstruction des prisons départementales. Pour éviter ces importantes dépenses sur la prison, le Conseil général suit la proposition en acquérant un terrain rue des Récollets, numéro 4, pour y installer le dépôt de mendicité qui fonctionne en 1907.
1905
Une pétition de riverains de la prison se plaint que des individus, dont d’anciens détenus, montent sur les toits de leurs maisons pour lancer du tabac ou d’autres objets aux prisonniers. Le Conseil général accepte de compléter la couverture des préaux des condamnés.
1910
Le poste militaire de la prison Saint-Michel est agrandi.
1909-1914
Le débat sur l’application du régime cellulaire dans les prisons départementales est relancé, en particulier à Toulouse où la prison n’est pas suffisamment sécurisée. L’architecte départemental Joseph Thillet propose de construire une nouvelle prison, cellulaire, sur les terrains du département à côté du dépôt de mendicité qui serait déplacé dans l’actuelle prison Saint-Michel. Pendant plusieurs années, les discussions portent sur le nombre de cellules et la part contributive de l’État aux dépenses. À cette époque, l’administration pénitentiaire est transférée du ministère de l’Intérieur au ministère de la Justice. Finalement, en mai 1914, le Conseil général adopte le projet de construction d’une nouvelle prison d’une capacité de 115 cellules, à rétrocéder à l’État. Ce projet est refusé par l’État qui aurait dû participer au tiers de la dépense, déduction faite du prix de vente de l’actuelle prison. Une nouvelle fois, la prison Saint-Michel échappe à l’emprisonnement individuel en cellules.
1913
Le 22 octobre 1913, L. Albus, condamné à mort par la cour d’assises, est guillotiné devant la prison
Saint-Michel. Il n’y avait pas eu d’exécution capitale à Toulouse depuis le 2 mai 1901. Depuis un arrêté municipal du 6 avril 1841, les exécutions capitales avaient lieu au port Garaud, sur les berges de la Garonne, où le condamné se rendait depuis la prison en traversant la foule. À l’occasion de l’exécution d’Albus, le maire modifie le lieu des exécutions capitales qui se dérouleront devant la maison d’arrêt Saint-Michel (arrêté du 21 octobre 1913). Ainsi, l’échafaud est à quelques pas de la cellule du condamné. L’Express du Midi publie un cliché de la guillotine devant la prison Saint-Michel.
1914
La prison départementale de Toulouse, ainsi que celles de Muret, Saint-Gaudens et Villefranche, sont reliées par des lignes téléphoniques aux brigades de gendarmerie les plus proches. À Toulouse, la prison et le parquet sont reliés au bureau central téléphonique.
10 mars 1923
Les soldats Patte et Vignau, condamnés à mort, sont guillotinés devant la prison Saint-Michel vers 6 heures du matin. Le bourreau, ses aides et les bois de justice repartent à Paris le jour même. C’est la dernière exécution publique à Toulouse.
1927
Le Conseil général autorise la Ville de Toulouse à fixer des crochets de suspension sur les façades de la prison, des gendarmeries et du tribunal civil pour soutenir les nouvelles lampes électriques à suspension axiale qui doivent être installées de la gare Saint-Agne à la gare Matabiau. Cette année, le poste militaire près de l’entrée de la prison est supprimé.
Février 1929
Le studio Henri Manuel réalise des photos de l’ensemble des établissements pénitentiaires en France,
dont la prison Saint-Michel de Toulouse. Ces clichés de la prison Saint-Michel sont visibles sur le catalogue en ligne de la médiathèque Gabriel Tarde de l’ENAP à Agen, rubrique CRHCP (Centre de recherche sur l’histoire des crimes et des peines). Une sélection sera exposée pour la première fois au grand public à la Maison des associations de Toulouse en septembre 2014.
1942-1944
Pendant l’occupation de la zone sud, les Allemands occupent une partie de la prison Saint-Michel. La
majeure partie des détenus politiques des prisons de la zone sud est envoyée à la maison centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne). Plusieurs résistants, condamnés à mort par des juridictions d’exception mises en place par le régime de Vichy, sont exécutés dans la prison : « Marcel » (Mendel) Langer le 23 juillet 1943, Louis Sabatié le 17 février 1944, « André Broussin » (Jacques Grignoux) le 14 mars 1944, Louis Devic et son fils Henri Devic le 24 avril 1944, Diego Rodriguez Collado et Enzo Godeas le 22 juin 1944. Le 27 juin 1944, 15 résistants sont extraits de la prison Saint-Michel par les Allemands et fusillés discrètement dans un bois près de Castelmaurrou, à environ 12 kilomètres au nord-est de Toulouse. Le 17 août 1944, 54 résistants sont extraits de la prison Saint-Michel par les Allemands et fusillés en forêt de Buzet-surTarn, à environ 28 kilomètres au nord-est de Toulouse. Le 19 août 1944, à la libération de Toulouse, les Allemands quittent la prison Saint-Michel. Des proches de détenus, en particulier des femmes, prennent l’initiative de forcer l’ouverture des portes de la prison. Les gardiens français cèdent et l’ensemble des détenus quitte la prison, traversant la grande rue Saint-Michel par petits groupes, alors que des convois allemands quittent la ville.
1945-1968
Jean Dieuzaide photographie la prison Saint-Michel.
1945
L’administration pénitentiaire fait face à une augmentation massive de la population pénale, alors qu’elle ne dispose que de bâtiments vétustes et d’un personnel peu formé, une situation constatée par un grand nombre de résistants emprisonnés par le gouvernement de Vichy. Sous l’impulsion de son directeur Amor, l’administration initie une vaste réforme qui va inscrire dans la loi l’objectif d’amendement et de reclassement social des condamnés. Le traitement du prisonnier, hors de toute promiscuité corruptive, doit tendre à son amélioration par l’instruction générale et professionnelle. Tout condamné de droit commun est astreint au travail. Les emprisonnements préventifs et pénaux jusqu’à un an sont soumis à l’isolement de jour comme de nuit. Un régime progressif allant de l’encellulement à la semi-liberté est appliqué dans ces établissements pour adapter le traitement du prisonnier à son aptitude à s’amender. Et tout agent pénitentiaire doit avoir suivi les cours d’une école technique spécialisée.
1946
Le ministre de la Justice accepte l’offre de cession gratuite à l’État par les départements intéressés de leurs prisons. Ainsi, le Conseil général de la Haute-Garonne cède ses prisons de Toulouse et de Saint-Gaudens au ministère de la Justice, ce qui met fin à l’obligation pour le département d’entretenir et de reconstruire ces prisons ( arrêté du 2 janvier 1946).
13 janvier 1948
Deux condamnés à mort, Elhadi Bendib et Messaoud Bennour, sont guillotinés dans la cour d’honneur du Castelet de la prison Saint-Michel. Ce sont les dernières exécutions à Toulouse.
1952-1956
Les quartiers 2 et 4 de la prison sont transformés. Les dortoirs sont remplacés par des cellules pour que les détenus soient séparés. De nouvelles fenêtres sont percées dans les façades de ces quartiers. Mais rapidement, bon nombre de ces cellules censées être individuelles vont accueillir jusqu’à trois détenus.
1961
André Cros photographie la prison Saint-Michel.
1966
Construction de la maison centrale de Muret, conçue par l’architecte Guillaume Guillet, qui deviendra un centre de détention en 1975. Sa capacité est de 638 places (uniquement des hommes).
Années 1970
Parallèlement à la création des quartiers de haute sécurité, une politique d’humanisation et de libéralisation est mise en œuvre dans les maisons d’arrêt. Le port obligatoire du béret et de la tenue carcérale est supprimé. Le droit à l’information est reconnu par l’introduction des journaux en 1971 et de la radio en 1974. Les femmes détenues obtiennent le droit de fumer. La disposition du Code pénal prévoyant qu’un détenu en cellule disciplinaire est nourri par du pain, de la soupe et de l’eau trois jours par semaine est supprimée. La règle du silence, imposée depuis 1839 mais plus appliquée, est supprimée. Les limitations de correspondance imposées aux condamnés (au maximum trois lettres par semaine, chacune sur une feuille de papier) disparaissent. Les détenus peuvent se marier en prison sans autorisation et laisser pousser leurs cheveux, barbe et moustache à leur gré. La loi du 31 décembre 1975 reconnaît aussi au détenu le statut de citoyen à part entière en rétablissant le droit de vote dans les prisons, interdit depuis 1852. Les quartiers de sécurité renforcée et de haute sécurité sont supprimés en 1977.
Vers 1977
La congrégation des Lazaristes signe un bail avec le ministère de la Justice pour accueillir les détenus
en semi-liberté dans sa maison provinciale, aux 16-18 grande rue Saint-Michel, ancien orphelinat SaintJoseph-du-Bon-Secours. La chapelle sera réaménagée en salle des fêtes pour ces détenus.
3 août 1978.
Cinq détenus, dont Cyprien Elix, s’évadent de la prison Saint-Michel par des tunnels et les sous-sols de la prison, qui leur permettent de passer de l’extrémité du quartier 3 de la prison à la rue Saint-Denis.
Années 1980
En 1983, les parloirs sans séparation sont généralisés. Le décloisonnement est plus large avec la volonté d’ouvrir la prison vers l’extérieur. Des personnels extérieurs qualifiés interviennent de plus en plus dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la formation professionnelle, du sport ou de la culture. Cette ouverture se traduit aussi par l’entrée de la télévision dans les cellules en 1985. La loi du 22 juin 1987 fait disparaître l’obligation au travail et confirme la mission de réinsertion sociale des personnes confiées par l’autorité judiciaire. Mais elle ouvre aussi la possibilité de confier au secteur privé la conception, la construction et l’aménagement des établissements pénitentiaires. Sur la base de conventions passées avec 4 groupements privés, en application de la loi de 1987, 25 établissements d’une capacité totale de 12 850 places seront construits : c’est le programme « 13 000 ».
Vers 1985
Des travaux sont réalisés dans la rotonde centrale de la prison Saint-Michel où se trouve la chapelle, séparée des différentes ailes de détention par de lourdes portes en chêne. Deux étages sont créés avec les parloirs des avocats au premier étage et la chapelle au second étage. Un poste central de surveillance est installé au centre du rez-de-chaussée. Il permet de surveiller les ailes de détention, qui sont dorénavant séparées de la rotonde au rez-de-chaussée par des grilles vertes.
1986
À partir de 1986, les détenus de la maison d’arrêt Saint-Michel de Toulouse éditent un journal intitulé
18 bis, d’après le numéro de la prison dans la grande rue Saint-Michel.
29-30 décembre 1995
Dans la nuit du 29 au 30 décembre 1995, Gérard Gallet et Christian Sirach s’évadent de la prison Saint-Michel. Ils sont arrêtés en Espagne en avril 1998.
1997
La garde des Sceaux Élisabeth Guigou relance le programme « 4 000 », déjà proposé en 1994 par Pierre Méhaignerie, qui prévoit la construction de 4 000 places supplémentaires dans 6 nouveaux établissements. Ce programme comprend la construction d’une nouvelle maison d’arrêt à Seysses (605 places) pour remplacer celle, vétuste, du quartier Saint-Michel à Toulouse.
Juin 2000
Le rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la situation des prisons françaises indique que la maison d’arrêt Saint-Michel de Toulouse renferme 460 détenus alors que sa capacité est de 290 détenus d’après la norme de la circulaire de 1988, soit une surpopulation de 159 %. Cette surpopulation est cependant la plus faible par rapport à celles des autres maisons d’arrêt de la direction régionale de Toulouse : 167 % à Nîmes et à Albi, 168 % à Tarbes, 169 % à Montauban, 172 % à Carcassonne, 175 % à Foix et 198 % à Béziers.
30 août 2000
Roger Garcia s’évade de la prison Saint-Michel depuis une cour de promenade en escaladant à mains nues les deux murs d’enceinte. Il sera repris le 5 décembre 2001.
21 septembre 2001
La catastrophe d’AZF endommage la maison provinciale des Lazaristes. Sa capacité d’accueil des détenus en semi-liberté est réduite à 24 places.
2002-2006
La Ville de Toulouse informe l’État de son intention d’acquérir la prison Saint-Michel pour la réhabiliter en équipement culturel d’envergure internationale. Les domaines estiment alors à 750 000 euros la valeur de la prison. La conception de cet équipement culturel est confiée par la Ville au cabinet Atlante dirigé par Richard Edwards qui élabore un projet de « Cité de l’artiste et de l’ingénieur » (rapports en 2003 et 2005-2006). Il s’agit d’un lieu de résidence, de création et de monstration, mêlant arts et sciences. Ce projet est essentiel dans la candidature de la Ville de Toulouse pour devenir capitale européenne de culture en 2013.
Le Code pénal de 1791 institue la prison comme lieu d’accomplissement des peines. La peine de mort et les travaux forcés ou les galères restent au sommet de l’échelle des peines, mais l’enfermement fonde désormais la répression des crimes et des délits.
1810
L’Empire organise une carte pénitentiaire visant à créer une maison d’arrêt pour les prévenus par arrondissement auprès de chaque tribunal, ainsi que dans chaque département, une maison centrale pour les condamnés et une maison de correction pour l’exécution des peines de moins d’un an d’emprisonnement.
1811
Le tribunal d’appel de Toulouse est installé dans les locaux de l’ancien Parlement, qui sont réaménagés. Un décret impérial donne la propriété des maisons d’arrêt aux départements qui sont désormais chargés de leur entretien, des réparations et de leur reconstruction. À Toulouse, la maison d’arrêt est établie dans l’ancienne Sénéchaussée, rue Mirabel (actuelle rue de Rémusat). À l’installation de la Faculté des lettres, la maison d’arrêt déménagera presque en face dans l’ancien couvent des Dames de Saint-Sernin.
1822-1850
De nouveaux bâtiments de style néoclassique sont construits sur les plans de l’architecte départemental Jean-Pierre Laffon sur le site du Parlement pour accueillir la cour d’assises, la cour d’appel, la maison de justice puis le tribunal de première instance.
1835-1837
Le préfet veut établir des quartiers distincts dans la maison d’arrêt de Toulouse, avec un pénitencier pour les enfants condamnés de plusieurs départements. Finalement, les jeunes garçons condamnés sont établis dans la maison de justice, dans un quartier initialement destiné aux femmes qui restent donc à la maison d’arrêt.
1840
Les brigades de gendarmerie de Toulouse déménagent dans un immeuble construit à l’angle de la place extérieure Saint-Michel (actuelle place Lafourcade) et de l’allée Saint-Michel (actuelle allée Jules-Guesde), qui est loué par le département.
1841
Une circulaire du ministre de l’Intérieur définit précisément le modèle pour la construction des nouvelles prisons départementales suivant le régime de l’emprisonnement individuel : cellules d’au moins 9 mètres carrés permettant le travail, promenoirs individuels, parloirs cellulaires. Des plans types sont joints à la circulaire pour promouvoir le plan radial de la prison de Philadelphie en Pennsylvanie (États-Unis) qui permet une surveillance centrale et continue de l’ensemble de la détention. Différents projets seront élaborés pour créer une maison d’arrêt départementale suivant l’emprisonnement individuel, sans aboutir.
1847
Le ministre de l’Intérieur approuve le transfert du pénitencier des jeunes détenus dans l’établissement de l’abbé Barthier, rue des Trente-Six-Ponts, ce qui permet de transférer les détenus pour dettes de la maison d’arrêt dans la maison de justice.
1851
Le tribunal de première instance, à l’étroit dans l’ancien palais du Sénéchal, déménage dans de nouveaux locaux construits contre la cour d’appel, selon les plans de l’architecte départemental Jean-Pierre Laffon.
1853
Le ministre de l’Intérieur autorise les départements à améliorer leurs prisons en dehors du régime cellulaire si les différentes catégories de détenus sont séparées. Un quartier spécial pour les jeunes filles détenues à la maison d’arrêt est établi dans l’établissement de l’abbé Barthier. Quant aux femmes accusées de crimes, elles sont alors détenues à la maison d’arrêt, la maison de justice n’ayant pas de quartier pour les femmes. Et les hommes prévenus de délits sont détenus
à la maison de justice pour faciliter l’instruction.
1854
Le Conseil général adopte le principe de l’avant-projet de l’architecte départemental Jacques-Jean Esquié : la maison d’arrêt dite « du Sénéchal », difficilement appropriable et éloignée du tribunal, serait vendue par le département qui établirait deux nouvelles maisons d’arrêt (prévenus), de justice (accusés) et de correction (condamnés), l’une pour les femmes et l’autre pour les hommes ; celle pour les femmes serait établie en agrandissant la maison de justice de la place Saint-Michel, et celle pour les hommes serait construite sur un terrain à acquérir à proximité du palais de justice.
1856
Le ministre de l’Intérieur approuve les plans de l’architecte départemental Jacques-Jean Esquié pour la construction d’une maison d’arrêt, de justice et de correction pour 400 hommes, de forme radiale, avec cinq bâtiments de détention rayonnant autour d’une rotonde centrale, à proximité de la cour d’appel et du tribunal de première instance.
1858
Pour l’établissement de la prison pour hommes, le préfet acquiert, au nom du département, l’enclos dit de Dezégaux appartenant à l’ancien notaire Courrech, situé à l’angle de la grande rue Saint-Michel et de la rue du Gorp où les pères capucins projetaient d’établir leur monastère. Et il acquiert aussi la maison située allée Saint-Michel, n° 15, pour agrandir la maison de justice.
1862
L’entreprise de Joseph Barrié débute les travaux de la prison départementale pour hommes dans le faubourg Saint-Michel, qui avaient été ajournés pour des raisons budgétaires – essentiellement pour financer l’achèvement de l’asile départemental d’aliénés de Braqueville (actuel centre hospitalier Gérard Marchant) – sur les plans de l’architecte départemental Jacques-Jean Esquié.
1869
Le préfet fait examiner par le nouvel architecte départemental Edmond Chambert la possibilité d’affecter un des quartiers de la nouvelle prison du faubourg Saint-Michel aux femmes détenues. Cette modification est approuvée par le Conseil général qui peut abandonner le projet d’appropriation de la maison de justice en prison pour femmes. Les nouveaux plans arrivent tardivement et les travaux de la prison Saint-Michel s’en trouvent retardés de près de 18 mois, ce qui cause un litige avec l’entrepreneur.
1870-1871, guerre franco-prussienne
En septembre 1870, des reclus de la maison de Saint-Denis, dans le département de la Seine (actuelle Seine-Saint-Denis), arrivent à Toulouse où ils sont installés dans la future prison Saint-Michel dont les travaux sont presque achevés, et au dépôt de mendicité de la rue des Récollets (actuelle rue Achille-Viadieu). De janvier à décembre 1871, l’ensemble de la prison Saint-Michel est réquisitionné par les militaires pour les besoins du service hospitalier. Puis, le sieur Barrié refusant de reprendre les travaux sans un supplément, son entreprise est mise en régie publique par le préfet pour l’achèvement des prisons Saint-Michel.
Mars 1872
Les détenus de la maison d’arrêt dite « du Sénéchal » sont transférés dans la nouvelle prison Saint-Michel, suivis peu après par les détenus de la maison de justice, qui peut alors être restructurée pour améliorer la caserne de la gendarmerie à pied. Déjà, l’architecte départemental Auguste Delort signale des travaux nécessaires à la prison Saint-Michel, tels qu’un logement pour le greffier à l’emplacement des écuries qui seraient déplacées.
1873
L’entreprise Barrié est soldée et l’architecte départemental Delort établit le décompte général des travaux de la nouvelle prison, qui s’élève à 687 225 francs. Le Conseil général vote un crédit annuel d’entretien pour la prison départementale de Toulouse de 2 500 francs, un montant qui sera maintenu pendant de nombreuses années. Ce montant doit servir cette année aux réparations suivantes : enduit au ciment sur les soubassements des murs exposés aux intempéries, puisards et rigoles pour l’écoulement des eaux pluviales dans les préaux, exhaussement du mur d’enceinte, guérite de chaque côté du mur…
23-24 juin 1875
L’inondation causée par la crue de la Garonne touche le dépôt de mendicité à Saint-Cyprien, dont les reclus sont alors installés à l’hospice de la Grave, ainsi qu’à la prison Saint-Michel où ils restent jusqu’au 5 octobre 1876, le temps de la réparation des dégâts au dépôt de mendicité.
1876-1883
Durant cette période, la moyenne annuelle du nombre de détenus à la prison Saint-Michel varie de 145 à 196 hommes et de 24 à 42 femmes.
1878-1883
L’architecte départemental établit un projet d’aqueduc de ceinture pour l’assainissement de la prison qui serait branché sur l’égout de la ville. Mais il a oublié que l’égout s’arrête rue Borgne (actuelle rue Beethoven), à 400 mètres de la prison, et la Ville ne projette pas de le prolonger. Les fosses fixes sont remplacées par des tinettes mobiles et une fosse générale est creusée dans le chemin de ronde. Le Conseil général fait finalement réaliser une douzaine de puits dans les chemins de ronde pour évacuer l’eau qui envahit les préaux. Ces puits sont creusés jusqu’à la nappe phréatique, à 4 mètres de profondeur.
1883-1885
Une pétition d’habitants des rues avoisinant le chemin de ronde de la prison se plaint de projections, notamment de jets de pierres qui touchent les habitations, depuis les préaux, en particulier depuis le préau du quartier des condamnés. Le Conseil général finit par décider l’exhaussement de 5 mètres du mur d’enceinte au niveau du préau des condamnés et la couverture de ce dernier par un treillage métallique.
1885-1886
Une pétition d’habitants des rues autour de la prison demande la viabilisation de ces trois rues, l’une partant de la rue du Gorp et l’autre de la grande rue Saint-Michel (rue Saint-Denis) pour aboutir au chemin du Busca prolongé (actuelle rue Robespierre), la troisième rue en question. Cette dernière est classée et appartient à la Ville, qui doit donc prendre à sa charge les travaux de viabilité. Quant aux deux premières rues, elles ont été réalisées sur le terrain acheté par le département et elles ne sont pas classées. La charge de leur viabilité revient donc à leurs riverains. Les pétitionnaires abandonnent alors leur demande de pavage qu’ils devraient payer pour moitié. Le Conseil général réalise à ses frais uniquement des gondoles et revers le long des murs d’enceinte. Peu après, en 1888, la supérieure du couvent Saint-Joseph-du-Bon-Secours, à l’angle de la rue Saint-Denis et de la grande rue Saint-Michel, a proposé de contribuer au pavage de la rue Saint-Denis pour le quart de la dépense. Le Conseil général approuve les travaux en prenant à sa charge les trois quarts restants.
1904
Pour dissuader la mendicité à Toulouse, le département doit créer un dépôt de mendicité. Comme il y a de la place à la prison Saint-Michel, l’architecte départemental Joseph Trillet dresse un projet pour approprier le quartier n° 4 en dépôt de mendicité (25 hommes et 15 femmes), entièrement isolé de la prison avec son entrée rue du Gorp. Mais l’État ferait alors appliquer la loi de 1875 qui impose le régime cellulaire pour les condamnés à de courtes peines dans les cas d’appropriation ou de reconstruction des prisons départementales. Pour éviter ces importantes dépenses sur la prison, le Conseil général suit la proposition en acquérant un terrain rue des Récollets, numéro 4, pour y installer le dépôt de mendicité qui fonctionne en 1907.
1905
Une pétition de riverains de la prison se plaint que des individus, dont d’anciens détenus, montent sur les toits de leurs maisons pour lancer du tabac ou d’autres objets aux prisonniers. Le Conseil général accepte de compléter la couverture des préaux des condamnés.
1910
Le poste militaire de la prison Saint-Michel est agrandi.
1909-1914
Le débat sur l’application du régime cellulaire dans les prisons départementales est relancé, en particulier à Toulouse où la prison n’est pas suffisamment sécurisée. L’architecte départemental Joseph Thillet propose de construire une nouvelle prison, cellulaire, sur les terrains du département à côté du dépôt de mendicité qui serait déplacé dans l’actuelle prison Saint-Michel. Pendant plusieurs années, les discussions portent sur le nombre de cellules et la part contributive de l’État aux dépenses. À cette époque, l’administration pénitentiaire est transférée du ministère de l’Intérieur au ministère de la Justice. Finalement, en mai 1914, le Conseil général adopte le projet de construction d’une nouvelle prison d’une capacité de 115 cellules, à rétrocéder à l’État. Ce projet est refusé par l’État qui aurait dû participer au tiers de la dépense, déduction faite du prix de vente de l’actuelle prison. Une nouvelle fois, la prison Saint-Michel échappe à l’emprisonnement individuel en cellules.
1913
Le 22 octobre 1913, L. Albus, condamné à mort par la cour d’assises, est guillotiné devant la prison
Saint-Michel. Il n’y avait pas eu d’exécution capitale à Toulouse depuis le 2 mai 1901. Depuis un arrêté municipal du 6 avril 1841, les exécutions capitales avaient lieu au port Garaud, sur les berges de la Garonne, où le condamné se rendait depuis la prison en traversant la foule. À l’occasion de l’exécution d’Albus, le maire modifie le lieu des exécutions capitales qui se dérouleront devant la maison d’arrêt Saint-Michel (arrêté du 21 octobre 1913). Ainsi, l’échafaud est à quelques pas de la cellule du condamné. L’Express du Midi publie un cliché de la guillotine devant la prison Saint-Michel.
1914
La prison départementale de Toulouse, ainsi que celles de Muret, Saint-Gaudens et Villefranche, sont reliées par des lignes téléphoniques aux brigades de gendarmerie les plus proches. À Toulouse, la prison et le parquet sont reliés au bureau central téléphonique.
10 mars 1923
Les soldats Patte et Vignau, condamnés à mort, sont guillotinés devant la prison Saint-Michel vers 6 heures du matin. Le bourreau, ses aides et les bois de justice repartent à Paris le jour même. C’est la dernière exécution publique à Toulouse.
1927
Le Conseil général autorise la Ville de Toulouse à fixer des crochets de suspension sur les façades de la prison, des gendarmeries et du tribunal civil pour soutenir les nouvelles lampes électriques à suspension axiale qui doivent être installées de la gare Saint-Agne à la gare Matabiau. Cette année, le poste militaire près de l’entrée de la prison est supprimé.
Février 1929
Le studio Henri Manuel réalise des photos de l’ensemble des établissements pénitentiaires en France,
dont la prison Saint-Michel de Toulouse. Ces clichés de la prison Saint-Michel sont visibles sur le catalogue en ligne de la médiathèque Gabriel Tarde de l’ENAP à Agen, rubrique CRHCP (Centre de recherche sur l’histoire des crimes et des peines). Une sélection sera exposée pour la première fois au grand public à la Maison des associations de Toulouse en septembre 2014.
1942-1944
Pendant l’occupation de la zone sud, les Allemands occupent une partie de la prison Saint-Michel. La
majeure partie des détenus politiques des prisons de la zone sud est envoyée à la maison centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne). Plusieurs résistants, condamnés à mort par des juridictions d’exception mises en place par le régime de Vichy, sont exécutés dans la prison : « Marcel » (Mendel) Langer le 23 juillet 1943, Louis Sabatié le 17 février 1944, « André Broussin » (Jacques Grignoux) le 14 mars 1944, Louis Devic et son fils Henri Devic le 24 avril 1944, Diego Rodriguez Collado et Enzo Godeas le 22 juin 1944. Le 27 juin 1944, 15 résistants sont extraits de la prison Saint-Michel par les Allemands et fusillés discrètement dans un bois près de Castelmaurrou, à environ 12 kilomètres au nord-est de Toulouse. Le 17 août 1944, 54 résistants sont extraits de la prison Saint-Michel par les Allemands et fusillés en forêt de Buzet-surTarn, à environ 28 kilomètres au nord-est de Toulouse. Le 19 août 1944, à la libération de Toulouse, les Allemands quittent la prison Saint-Michel. Des proches de détenus, en particulier des femmes, prennent l’initiative de forcer l’ouverture des portes de la prison. Les gardiens français cèdent et l’ensemble des détenus quitte la prison, traversant la grande rue Saint-Michel par petits groupes, alors que des convois allemands quittent la ville.
1945-1968
Jean Dieuzaide photographie la prison Saint-Michel.
1945
L’administration pénitentiaire fait face à une augmentation massive de la population pénale, alors qu’elle ne dispose que de bâtiments vétustes et d’un personnel peu formé, une situation constatée par un grand nombre de résistants emprisonnés par le gouvernement de Vichy. Sous l’impulsion de son directeur Amor, l’administration initie une vaste réforme qui va inscrire dans la loi l’objectif d’amendement et de reclassement social des condamnés. Le traitement du prisonnier, hors de toute promiscuité corruptive, doit tendre à son amélioration par l’instruction générale et professionnelle. Tout condamné de droit commun est astreint au travail. Les emprisonnements préventifs et pénaux jusqu’à un an sont soumis à l’isolement de jour comme de nuit. Un régime progressif allant de l’encellulement à la semi-liberté est appliqué dans ces établissements pour adapter le traitement du prisonnier à son aptitude à s’amender. Et tout agent pénitentiaire doit avoir suivi les cours d’une école technique spécialisée.
1946
Le ministre de la Justice accepte l’offre de cession gratuite à l’État par les départements intéressés de leurs prisons. Ainsi, le Conseil général de la Haute-Garonne cède ses prisons de Toulouse et de Saint-Gaudens au ministère de la Justice, ce qui met fin à l’obligation pour le département d’entretenir et de reconstruire ces prisons ( arrêté du 2 janvier 1946).
13 janvier 1948
Deux condamnés à mort, Elhadi Bendib et Messaoud Bennour, sont guillotinés dans la cour d’honneur du Castelet de la prison Saint-Michel. Ce sont les dernières exécutions à Toulouse.
1952-1956
Les quartiers 2 et 4 de la prison sont transformés. Les dortoirs sont remplacés par des cellules pour que les détenus soient séparés. De nouvelles fenêtres sont percées dans les façades de ces quartiers. Mais rapidement, bon nombre de ces cellules censées être individuelles vont accueillir jusqu’à trois détenus.
1961
André Cros photographie la prison Saint-Michel.
1966
Construction de la maison centrale de Muret, conçue par l’architecte Guillaume Guillet, qui deviendra un centre de détention en 1975. Sa capacité est de 638 places (uniquement des hommes).
Années 1970
Parallèlement à la création des quartiers de haute sécurité, une politique d’humanisation et de libéralisation est mise en œuvre dans les maisons d’arrêt. Le port obligatoire du béret et de la tenue carcérale est supprimé. Le droit à l’information est reconnu par l’introduction des journaux en 1971 et de la radio en 1974. Les femmes détenues obtiennent le droit de fumer. La disposition du Code pénal prévoyant qu’un détenu en cellule disciplinaire est nourri par du pain, de la soupe et de l’eau trois jours par semaine est supprimée. La règle du silence, imposée depuis 1839 mais plus appliquée, est supprimée. Les limitations de correspondance imposées aux condamnés (au maximum trois lettres par semaine, chacune sur une feuille de papier) disparaissent. Les détenus peuvent se marier en prison sans autorisation et laisser pousser leurs cheveux, barbe et moustache à leur gré. La loi du 31 décembre 1975 reconnaît aussi au détenu le statut de citoyen à part entière en rétablissant le droit de vote dans les prisons, interdit depuis 1852. Les quartiers de sécurité renforcée et de haute sécurité sont supprimés en 1977.
Vers 1977
La congrégation des Lazaristes signe un bail avec le ministère de la Justice pour accueillir les détenus
en semi-liberté dans sa maison provinciale, aux 16-18 grande rue Saint-Michel, ancien orphelinat SaintJoseph-du-Bon-Secours. La chapelle sera réaménagée en salle des fêtes pour ces détenus.
3 août 1978.
Cinq détenus, dont Cyprien Elix, s’évadent de la prison Saint-Michel par des tunnels et les sous-sols de la prison, qui leur permettent de passer de l’extrémité du quartier 3 de la prison à la rue Saint-Denis.
Années 1980
En 1983, les parloirs sans séparation sont généralisés. Le décloisonnement est plus large avec la volonté d’ouvrir la prison vers l’extérieur. Des personnels extérieurs qualifiés interviennent de plus en plus dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la formation professionnelle, du sport ou de la culture. Cette ouverture se traduit aussi par l’entrée de la télévision dans les cellules en 1985. La loi du 22 juin 1987 fait disparaître l’obligation au travail et confirme la mission de réinsertion sociale des personnes confiées par l’autorité judiciaire. Mais elle ouvre aussi la possibilité de confier au secteur privé la conception, la construction et l’aménagement des établissements pénitentiaires. Sur la base de conventions passées avec 4 groupements privés, en application de la loi de 1987, 25 établissements d’une capacité totale de 12 850 places seront construits : c’est le programme « 13 000 ».
Vers 1985
Des travaux sont réalisés dans la rotonde centrale de la prison Saint-Michel où se trouve la chapelle, séparée des différentes ailes de détention par de lourdes portes en chêne. Deux étages sont créés avec les parloirs des avocats au premier étage et la chapelle au second étage. Un poste central de surveillance est installé au centre du rez-de-chaussée. Il permet de surveiller les ailes de détention, qui sont dorénavant séparées de la rotonde au rez-de-chaussée par des grilles vertes.
1986
À partir de 1986, les détenus de la maison d’arrêt Saint-Michel de Toulouse éditent un journal intitulé
18 bis, d’après le numéro de la prison dans la grande rue Saint-Michel.
29-30 décembre 1995
Dans la nuit du 29 au 30 décembre 1995, Gérard Gallet et Christian Sirach s’évadent de la prison Saint-Michel. Ils sont arrêtés en Espagne en avril 1998.
1997
La garde des Sceaux Élisabeth Guigou relance le programme « 4 000 », déjà proposé en 1994 par Pierre Méhaignerie, qui prévoit la construction de 4 000 places supplémentaires dans 6 nouveaux établissements. Ce programme comprend la construction d’une nouvelle maison d’arrêt à Seysses (605 places) pour remplacer celle, vétuste, du quartier Saint-Michel à Toulouse.
Juin 2000
Le rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la situation des prisons françaises indique que la maison d’arrêt Saint-Michel de Toulouse renferme 460 détenus alors que sa capacité est de 290 détenus d’après la norme de la circulaire de 1988, soit une surpopulation de 159 %. Cette surpopulation est cependant la plus faible par rapport à celles des autres maisons d’arrêt de la direction régionale de Toulouse : 167 % à Nîmes et à Albi, 168 % à Tarbes, 169 % à Montauban, 172 % à Carcassonne, 175 % à Foix et 198 % à Béziers.
30 août 2000
Roger Garcia s’évade de la prison Saint-Michel depuis une cour de promenade en escaladant à mains nues les deux murs d’enceinte. Il sera repris le 5 décembre 2001.
21 septembre 2001
La catastrophe d’AZF endommage la maison provinciale des Lazaristes. Sa capacité d’accueil des détenus en semi-liberté est réduite à 24 places.
2002-2006
La Ville de Toulouse informe l’État de son intention d’acquérir la prison Saint-Michel pour la réhabiliter en équipement culturel d’envergure internationale. Les domaines estiment alors à 750 000 euros la valeur de la prison. La conception de cet équipement culturel est confiée par la Ville au cabinet Atlante dirigé par Richard Edwards qui élabore un projet de « Cité de l’artiste et de l’ingénieur » (rapports en 2003 et 2005-2006). Il s’agit d’un lieu de résidence, de création et de monstration, mêlant arts et sciences. Ce projet est essentiel dans la candidature de la Ville de Toulouse pour devenir capitale européenne de culture en 2013.
Janvier 2003-septembre 2004
Dans le cadre d’un projet culture-justice, le photographe Dominique Delpoux réalise des photos de la prison Saint-Michel juste avant le départ des détenus pour la nouvelle maison d’arrêt à Seysses. Ce travail est complété par celui de l’écrivain Gérard Lapagesse qui fera des ateliers d’écriture avec des détenus à la maison d’arrêt de Seysses pendant l’été 2004. Une sélection des photos de Dominique Delpoux et des textes de détenus constitue l’exposition « Paroles de briques », que le grand public peut découvrir dans la prison Saint-Michel lors des Journées européennes du patrimoine de septembre 2004. L’exposition voyagera ensuite à plusieurs reprises hors de la région.
26 janvier 2003
Les 528 détenus de la maison d’arrêt Saint-Michel sont transférés dans la nouvelle maison d’arrêt de Toulouse construite à Seysses (590 places), à environ 19 kilomètres au sud de Toulouse. Cette nouvelle maison d’arrêt est la première livraison dans le cadre du programme « 4 000 » lancé par le garde des Sceaux Pierre Méhaignerie… en 1994.
Peu après, en mars, les détenus en semi-liberté déménagent de la maison provinciale des Lazaristes, à quelques dizaines de mètres, dans l’ancien quartier des femmes de la prison Saint-Michel, où le centre de semi-liberté augmente sa capacité d’accueil à 35 places. C’est une solution provisoire, dans l’attente d’un nouveau centre de semi-liberté que l’administration souhaite établir en ville, avec un bon accès par les transports en commun. Mais les négociations avec la Ville de Toulouse n’aboutissent pas et le ministère de la Justice finira par installer le centre de semi-liberté dans la nouvelle maison d’arrêt de Toulouse, à Seysses.
Septembre 2003
Lors d’une visite de la prison Saint-Michel par des enseignants de l’École nationale supérieure d’architecture de Toulouse (ENSAT), Christian Cros réalise des photos de la prison devant servir d’archives à l’école.
Décembre 2004
Le photographe Marc Le Flour prend des photos de la prison Saint-Michel.
2004-2008
La prison Saint-Michel, où se trouvent encore les détenus en semi-liberté dans l’ancien quartier des
femmes, est ouverte au public par les services pénitentiaires lors des Journées européennes du patrimoine, le troisième week-end de septembre, pendant cinq années consécutives.
Septembre 2008
Marseille est choisie pour devenir capitale européenne de la culture en 2013. Le projet de « cité de l’art » dans la prison Saint-Michel, au cœur de la candidature de la Ville de Toulouse, est ensuite ajourné par la municipalité.
29 octobre 2009
La prison Saint-Michel est « libérée » de ses derniers occupants : les 30 détenus en semi-liberté déménagent dans leur nouveau centre de semi-liberté à la maison d’arrêt de Seysses, qui compte 52 places.
1er juin 2010
Le ministère de la Justice décide l’inutilité de l’ex-prison Saint-Michel et charge le service France Domaine du ministère du Budget de sa cession.
Septembre 2010
Le Comité de quartier Saint-Michel lance une pétition pour la protection des bâtiments historiques de
l’ex-prison Saint-Michel au titre des Monuments historiques et pour leur réhabilitation en équipement
public, entouré d’espaces verts. En quelques mois, cette pétition, soutenue par de nombreuses associations notamment d’anciens résistants, recueille plus de 17 000 signatures, dont celles de Serge Klarsfeld et de Stéphane Hessel.
24 septembre 2010
Le conseil municipal de Toulouse réaffirme, à l’unanimité, sa volonté d’acquérir l’ex-prison Saint-Michel, sur la base de l’estimation réalisée par les domaines en 2002 s’élevant à 750 000 euros, éventuellement actualisée, tenant compte notamment de la nécessaire conservation du bâti historique.
Automne 2010
Le réalisateur Stéphane Cazes tourne son premier long-métrage notamment dans l’ex-prison Saint-Michel pendant deux mois. Mélanie Thierry joue le premier rôle de ce film, initialement appelé Le sens de nos peines et rebaptisé Ombline, qui sort sur les écrans en 2012. À l’occasion du tournage, la stagiaire Magali Chapelan, étudiante à l’École supérieure d’audiovisuel (ESAV) de Toulouse, réalise des photos de l’ex-prison Saint-Michel, dont un portfolio sera publié sur le site internet de la revue régionale Friture.
Janvier-février 2011
Le 28 janvier 2011, la Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS), présidée par le directeur de la DRAC qui représente le préfet, examine la protection de l’ex-prison Saint-Michel au titre des Monuments historiques (MH). Malgré la demande des pétitionnaires pour la protection de l’ensemble des bâtiments d’origine (hors murs d’enceinte), la CRPS n’est autorisée à délibérer que sur la protection de l’entrée de l’ex-prison : cour d’honneur et bâtiments qui la bordent, dont le castelet d’entrée, qui seront désignés par la suite comme le « Castelet ». Elle recommande le classement du Castelet au titre des MH, tout en indiquant que si elle avait pu délibérer, elle aurait aussi demandé la protection de l’ensemble du bâti historique.
Le 1er février 2011, le préfet informe le maire de Toulouse qu’il souhaite inscrire le Castelet au titre des MH et qu’avec l’accord du ministère de la Justice, il propose de céder le Castelet à la Ville de Toulouse à l’euro symbolique. Quant au reste du site de l’ex-prison, le service des domaines a estimé sa valeur à 11,3 millions d’euros. Le 25 février 2011, le préfet signe l’arrêté d’inscription du Castelet au titre des MH.
20 avril 2011
Le préfet s’engage à ce que la protection de l’ancienne prison Saint-Michel au titre des Monuments historiques, demandée par le Comité de quartier Saint-Michel, soit examinée lors d’une prochaine réunion de la Commission régionale du patrimoine et des sites. Mais cela ne s’est toujours pas concrétisé au moment où nous éditons cet ouvrage.
Mai 2011
Fin mai 2011, le maire de Toulouse répond au préfet qu’il accepte d’acquérir le Castelet, inscrit au titre des MH, à l’euro symbolique. Mais la traduction juridique de cette cession tardera.
19 décembre 2011
La 5e modification du plan local d’urbanisme (PLU) de Toulouse protège les 56 bâtiments de la Ville dont la protection au titre des Monuments historiques mériterait d’être examinée, dont les bâtiments d’origine en étoile (rotonde centrale et ses cinq branches) de l’ex-prison Saint-Michel.
2012
Le maire de Toulouse soutient l’installation de l’École supérieure de commerce (ESC) de Toulouse sur le site de l’ancienne prison Saint-Michel et le service France Domaine du ministère du Budget établit une nouvelle évaluation de la valeur du site par la méthode du compte à rebours. Mais la chambre de commerce et de l’industrie (CCI) de Toulouse est réticente pour financer ce projet.
Juin 2012
Les photographes Florence At, Maurice Cuquel et Clément Poitrenaud ont l’occasion de prendre des
photos de la prison Saint-Michel. Ils réalisent l’exposition « Prison Saint-Michel, 10 ans après… » avec
10 photographies de chacun des 3 photographes, qui est exposée à la maison d’arrêt de Seysses et au lycée professionnel Bayard de Toulouse.
21 juin 2013
Le conseil municipal de Toulouse soutient unanimement le projet d’ouverture de l’ex-prison Saint-Michel aux Journées européennes du patrimoine de septembre 2013 qui est porté par le Comité de quartier Saint-Michel. Mais la préfecture refusera cette ouverture.
22 octobre 2013
L’État transfère la gestion du Castelet (la cour d’honneur et les bâtiments qui la bordent, dont le castelet d’entrée), inscrit au titre des MH, à la Ville de Toulouse, notamment pour « perpétuer la mémoire » et « participer à la vie de quartier ».
Mars 2014
La nouvelle municipalité a un projet pour l’ex-prison Saint-Michel : création d’une esplanade autour du Castelet et d’espaces verts entre les branches de l’« étoile », construction d’un auditorium au fond du terrain en tronquant une branche de l’étoile (ancien quartier numéro 3) dans le cadre d’une Cité de la musique.
1er-13 septembre 2014
Le Comité de quartier Saint-Michel organise l’exposition « 15 jours de prison ferme ouverte » à la Maison des associations de Toulouse. Cette exposition regroupe des photographies, plans et croquis de l’ex-prison Saint-Michel, du XIXe siècle à nos jours, dont la plupart n’avaient jamais été exposés au public.
Juillet 2018
La préfecture et les services concernés de l’État, dont l’architecte des bâtiments de France, valident le
travail des urbanistes de la Fabrique urbaine avec les associations de quartier et les services de Toulouse métropole sur le projet d’aménagement du site de l’ex-prison fondant l’estimation de la valeur du site.
Été 2019
Le préfet valide le scénario d’aménagement soutenu par les associations de quartier et propose à la Ville de Toulouse d’acquérir le site de l’ex-prison sur la base de ce scénario pour 5,5 millions d’euros.
Septembre-octobre 2019
Une cour de la prison est ouverte plusieurs week-ends pour une programmation d’activités élaborées par le Comité de quartier Saint-Michel et la Mairie de Toulouse. Ce lieu éphémère est baptisé l’Escampette.
29 octobre 2020
L’entrée de l’ex-prison a été réhabilitée et transformée en centre de mémoire sur la prison Saint-Michel, de ses origines à sa fermeture. Ce musée municipal baptisé « Le Castelet » ouvre au public, mais seulement une journée car le lendemain, les mesures sanitaires face au Covid-19 sont à nouveau renforcées. Le 19 mai 2021, il ouvre à nouveau ses portes.
Dans le cadre d’un projet culture-justice, le photographe Dominique Delpoux réalise des photos de la prison Saint-Michel juste avant le départ des détenus pour la nouvelle maison d’arrêt à Seysses. Ce travail est complété par celui de l’écrivain Gérard Lapagesse qui fera des ateliers d’écriture avec des détenus à la maison d’arrêt de Seysses pendant l’été 2004. Une sélection des photos de Dominique Delpoux et des textes de détenus constitue l’exposition « Paroles de briques », que le grand public peut découvrir dans la prison Saint-Michel lors des Journées européennes du patrimoine de septembre 2004. L’exposition voyagera ensuite à plusieurs reprises hors de la région.
26 janvier 2003
Les 528 détenus de la maison d’arrêt Saint-Michel sont transférés dans la nouvelle maison d’arrêt de Toulouse construite à Seysses (590 places), à environ 19 kilomètres au sud de Toulouse. Cette nouvelle maison d’arrêt est la première livraison dans le cadre du programme « 4 000 » lancé par le garde des Sceaux Pierre Méhaignerie… en 1994.
Peu après, en mars, les détenus en semi-liberté déménagent de la maison provinciale des Lazaristes, à quelques dizaines de mètres, dans l’ancien quartier des femmes de la prison Saint-Michel, où le centre de semi-liberté augmente sa capacité d’accueil à 35 places. C’est une solution provisoire, dans l’attente d’un nouveau centre de semi-liberté que l’administration souhaite établir en ville, avec un bon accès par les transports en commun. Mais les négociations avec la Ville de Toulouse n’aboutissent pas et le ministère de la Justice finira par installer le centre de semi-liberté dans la nouvelle maison d’arrêt de Toulouse, à Seysses.
Septembre 2003
Lors d’une visite de la prison Saint-Michel par des enseignants de l’École nationale supérieure d’architecture de Toulouse (ENSAT), Christian Cros réalise des photos de la prison devant servir d’archives à l’école.
Décembre 2004
Le photographe Marc Le Flour prend des photos de la prison Saint-Michel.
2004-2008
La prison Saint-Michel, où se trouvent encore les détenus en semi-liberté dans l’ancien quartier des
femmes, est ouverte au public par les services pénitentiaires lors des Journées européennes du patrimoine, le troisième week-end de septembre, pendant cinq années consécutives.
Septembre 2008
Marseille est choisie pour devenir capitale européenne de la culture en 2013. Le projet de « cité de l’art » dans la prison Saint-Michel, au cœur de la candidature de la Ville de Toulouse, est ensuite ajourné par la municipalité.
29 octobre 2009
La prison Saint-Michel est « libérée » de ses derniers occupants : les 30 détenus en semi-liberté déménagent dans leur nouveau centre de semi-liberté à la maison d’arrêt de Seysses, qui compte 52 places.
1er juin 2010
Le ministère de la Justice décide l’inutilité de l’ex-prison Saint-Michel et charge le service France Domaine du ministère du Budget de sa cession.
Septembre 2010
Le Comité de quartier Saint-Michel lance une pétition pour la protection des bâtiments historiques de
l’ex-prison Saint-Michel au titre des Monuments historiques et pour leur réhabilitation en équipement
public, entouré d’espaces verts. En quelques mois, cette pétition, soutenue par de nombreuses associations notamment d’anciens résistants, recueille plus de 17 000 signatures, dont celles de Serge Klarsfeld et de Stéphane Hessel.
24 septembre 2010
Le conseil municipal de Toulouse réaffirme, à l’unanimité, sa volonté d’acquérir l’ex-prison Saint-Michel, sur la base de l’estimation réalisée par les domaines en 2002 s’élevant à 750 000 euros, éventuellement actualisée, tenant compte notamment de la nécessaire conservation du bâti historique.
Automne 2010
Le réalisateur Stéphane Cazes tourne son premier long-métrage notamment dans l’ex-prison Saint-Michel pendant deux mois. Mélanie Thierry joue le premier rôle de ce film, initialement appelé Le sens de nos peines et rebaptisé Ombline, qui sort sur les écrans en 2012. À l’occasion du tournage, la stagiaire Magali Chapelan, étudiante à l’École supérieure d’audiovisuel (ESAV) de Toulouse, réalise des photos de l’ex-prison Saint-Michel, dont un portfolio sera publié sur le site internet de la revue régionale Friture.
Janvier-février 2011
Le 28 janvier 2011, la Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS), présidée par le directeur de la DRAC qui représente le préfet, examine la protection de l’ex-prison Saint-Michel au titre des Monuments historiques (MH). Malgré la demande des pétitionnaires pour la protection de l’ensemble des bâtiments d’origine (hors murs d’enceinte), la CRPS n’est autorisée à délibérer que sur la protection de l’entrée de l’ex-prison : cour d’honneur et bâtiments qui la bordent, dont le castelet d’entrée, qui seront désignés par la suite comme le « Castelet ». Elle recommande le classement du Castelet au titre des MH, tout en indiquant que si elle avait pu délibérer, elle aurait aussi demandé la protection de l’ensemble du bâti historique.
Le 1er février 2011, le préfet informe le maire de Toulouse qu’il souhaite inscrire le Castelet au titre des MH et qu’avec l’accord du ministère de la Justice, il propose de céder le Castelet à la Ville de Toulouse à l’euro symbolique. Quant au reste du site de l’ex-prison, le service des domaines a estimé sa valeur à 11,3 millions d’euros. Le 25 février 2011, le préfet signe l’arrêté d’inscription du Castelet au titre des MH.
20 avril 2011
Le préfet s’engage à ce que la protection de l’ancienne prison Saint-Michel au titre des Monuments historiques, demandée par le Comité de quartier Saint-Michel, soit examinée lors d’une prochaine réunion de la Commission régionale du patrimoine et des sites. Mais cela ne s’est toujours pas concrétisé au moment où nous éditons cet ouvrage.
Mai 2011
Fin mai 2011, le maire de Toulouse répond au préfet qu’il accepte d’acquérir le Castelet, inscrit au titre des MH, à l’euro symbolique. Mais la traduction juridique de cette cession tardera.
19 décembre 2011
La 5e modification du plan local d’urbanisme (PLU) de Toulouse protège les 56 bâtiments de la Ville dont la protection au titre des Monuments historiques mériterait d’être examinée, dont les bâtiments d’origine en étoile (rotonde centrale et ses cinq branches) de l’ex-prison Saint-Michel.
2012
Le maire de Toulouse soutient l’installation de l’École supérieure de commerce (ESC) de Toulouse sur le site de l’ancienne prison Saint-Michel et le service France Domaine du ministère du Budget établit une nouvelle évaluation de la valeur du site par la méthode du compte à rebours. Mais la chambre de commerce et de l’industrie (CCI) de Toulouse est réticente pour financer ce projet.
Juin 2012
Les photographes Florence At, Maurice Cuquel et Clément Poitrenaud ont l’occasion de prendre des
photos de la prison Saint-Michel. Ils réalisent l’exposition « Prison Saint-Michel, 10 ans après… » avec
10 photographies de chacun des 3 photographes, qui est exposée à la maison d’arrêt de Seysses et au lycée professionnel Bayard de Toulouse.
21 juin 2013
Le conseil municipal de Toulouse soutient unanimement le projet d’ouverture de l’ex-prison Saint-Michel aux Journées européennes du patrimoine de septembre 2013 qui est porté par le Comité de quartier Saint-Michel. Mais la préfecture refusera cette ouverture.
22 octobre 2013
L’État transfère la gestion du Castelet (la cour d’honneur et les bâtiments qui la bordent, dont le castelet d’entrée), inscrit au titre des MH, à la Ville de Toulouse, notamment pour « perpétuer la mémoire » et « participer à la vie de quartier ».
Mars 2014
La nouvelle municipalité a un projet pour l’ex-prison Saint-Michel : création d’une esplanade autour du Castelet et d’espaces verts entre les branches de l’« étoile », construction d’un auditorium au fond du terrain en tronquant une branche de l’étoile (ancien quartier numéro 3) dans le cadre d’une Cité de la musique.
1er-13 septembre 2014
Le Comité de quartier Saint-Michel organise l’exposition « 15 jours de prison ferme ouverte » à la Maison des associations de Toulouse. Cette exposition regroupe des photographies, plans et croquis de l’ex-prison Saint-Michel, du XIXe siècle à nos jours, dont la plupart n’avaient jamais été exposés au public.
Juillet 2018
La préfecture et les services concernés de l’État, dont l’architecte des bâtiments de France, valident le
travail des urbanistes de la Fabrique urbaine avec les associations de quartier et les services de Toulouse métropole sur le projet d’aménagement du site de l’ex-prison fondant l’estimation de la valeur du site.
Été 2019
Le préfet valide le scénario d’aménagement soutenu par les associations de quartier et propose à la Ville de Toulouse d’acquérir le site de l’ex-prison sur la base de ce scénario pour 5,5 millions d’euros.
Septembre-octobre 2019
Une cour de la prison est ouverte plusieurs week-ends pour une programmation d’activités élaborées par le Comité de quartier Saint-Michel et la Mairie de Toulouse. Ce lieu éphémère est baptisé l’Escampette.
29 octobre 2020
L’entrée de l’ex-prison a été réhabilitée et transformée en centre de mémoire sur la prison Saint-Michel, de ses origines à sa fermeture. Ce musée municipal baptisé « Le Castelet » ouvre au public, mais seulement une journée car le lendemain, les mesures sanitaires face au Covid-19 sont à nouveau renforcées. Le 19 mai 2021, il ouvre à nouveau ses portes.